Émission sur Radio Libertaire (à partir de la 9ème minute), 27 novembre 2024
Les éditions du Canoë nous présentent le premier roman écrit par Guillaume Viry, acteur, réalisateur et auteur.
L’histoire d'une guerre, l'histoire de Jean, appelé pour quelques mois pendant la guerre d'Algérie qui le conduira à l'asile psychiatrique.
Julien est en compagnie de son père, ancien médecin, qui quelquefois en appelant son fils, se trompe et le prénomme Jean. N'ayant aucune connaissance de ce prénom dans sa famille, il se mettra à la recherche de cet oncle Jean, frère de son père, dont il ne reste aucun souvenir, ni aucun document dans sa famille. Les premières confidences se font plus pressantes, lorsque Julien annonce à son père qu'il souhaite se faire réformer du service militaire, et puis l'histoire de Jean.
Jean, l'appelé, serait arrivé à Berrouaghia, en Algérie, en Janvier 1961, il sera évacué sanitaire par voie maritime depuis Alger, le 17 mars 1961 et débarqué à Marseille dès le lendemain, pour cause de « bouffées délirantes de culpabilité » notera le médecin.
Il a connu là-bas en très peu de temps les fusillades, les morts de villages entiers, les viols et les tortures, des guetteurs aux gorges tranchées, il a fait aussi de la prison pour avoir refusé un ordre. Et puis la barbarie de son régiment, il a été humilié par « Grand Con et Grand Mou », il a blanchi des murs pour ne plus y voir de sang.
L'horreur à son paroxysme, et de crise en crise, jusqu'au « cri rouge sang » qui le renverront à Marseille.
Son retour chez ses parents ne calmera pas les terreurs, les cauchemars, il se garde de dormir plutôt que d'être emporté dans ses souvenirs odieux.
Je cite : « il ne s'en est pas rendu compte qu'il est en train de se rouler tout entier dans le sale il ruisselle le dégueulasse ça lui dégouline de partout mais il se croit toujours bien propret c'est l'avantage qu'on se voit pas devenir une ordure ».
Si la famille est désolée de son état, elle refuse pour autant d'écouter ses discours, et fait comme un déni de la situation, jusqu'à l'envoyer en asile psychiatrique à Saint Dizier où il mourra le 28 Mars 1969.
En 1970, son père Louis rassemblera dans un petit carton ses petites affaires et brûlera tout de toute l'histoire de son fils.
Joseph, son frère, à l'époque des faits était interne dans cet hôpital psychiatrique et c'est lui qui a fait les électrochocs sur son frère Jean, le traumatisant à jamais.
C'est un roman bouleversant.
Le ton et l'écriture du roman est toute particulière, il n'y aucune ponctuation, aucune majuscule, les phrases sont composées soit comme une poésie soit en prose, comme un roman ordinaire. Beaucoup de mots sont répétés, voir des phrases quelquefois, comme un peu dans le soubresaut d'un chagrin, il n'y a pas à priori de description réelle mais des flashs, comme des mises en situation, un cauchemar éveillé.
Guillaume Viry réalise là un roman original par sa forme, un travail de mémoire sur ce que fut cette terrible guerre d'Algérie et sur la confusion qu'elle créa et crée encore dans de nombreuses familles.
Un livre à lire.
Écouter, cliquez
Jean-Claude Lebrun, Blog de Jean-Claude Lebrun, 12 novembre 2024
lire l'article, cliquez
Christiane Chaulet Achour, Collatéral, 13 novembre 2024
lire l'article, cliquez
Fasséry Kamissoko, Hans & Sandor, 11 novembre 2024
lire l'article, cliquez
"L'Appelé" : un roman sur les fantômes de la guerre, Mare Nostrum, 11 octobre 2024
lire l'article, cliquez
Jean-Pierre Han, Les Lettres Françaises, 1er oct 2024
Jérôme, litterature-a-blog.blogspot.com, 9 septembre 2024
lire l'article : https://litterature-a-blog.blogspot.com/2024/09/lappele-guillaume-viry.html
Inès Pallot, Bien public, août 2024
par Augustin Trapenard - Boomerang / France Inter - 9 mars 2021
Raconter l’histoire de l’Appelé de l’armée française lors de la guerre d’Algérie. C’est ce qu’a choisi de faire l’auteur bourguignon Guillaume Viry dans son prochain livre publié en septembre. Mais pas d’une manière habituelle. Dans ce roman, l’écrivain a décidé d’oublier les structures de phrases, d’abandonner la ponctuation et parfois le sujet, et de privilégier les répétitions, les espaces entre les paragraphes. De se rapprocher étrangement d’une forme poétique.
Le narrateur formule ses pensées de façon entrecoupée, comme essoufflé. Comme s’il avait du mal à s’exprimer, comme s’il venait de vivre un choc. Une manière assez déstabilisante de nous faire comprendre la guerre et ses traumatismes à travers le personnage de Jean, militaire à 20 ans et mort à 30. On retrace, déchiffre l’histoire de celui dont personne ne parle dans la famille. Alors on s’intéresse au point de vue du père, du frère, du neveu. On découvre les horreurs qu’il a vues, subit et qui sont restées en lui comme une marque indélébile. Et puis la folie dans laquelle il sombre, la dépersonnification et l’asile. L’Appelé ne ressemble à rien d’autre et cultive sa singularité avec brio.
Inès Pallot. Le Bien Public.
Nous prenons connaissance de tous les manuscrits, soit imprimés, soit en version numérique. Nous vous invitons toutefois à privilégier dans un premier temps la version numérique, dont nous vous réclamerons un exemplaire papier si nous sommes intéressés. Nous vous répondrons endéans les trois mois mais nous ne renvoyons pas les manuscrits et ne motivons pas nos refus.
Dans toutes les librairies qui voudront bien les commander.
Consulter le site Place des Libraires
Éditions du Canoë
9 place Gustave Sudre 33710 Bourg-sur-Gironde
editionsducanoe@gmail.com Tel. 06 60 40 19 16