On doit à Bénédicte Gorrillot, Maître de conférences Hors-Classe en poésie latine & littérature française contemporaine à l’Université Polytechnique des Hauts-de-France, de pouvoir lire les réflexions de Michel Deguy sur la musique. Elle a mené ces entretiens chez lui alors qu’il était déjà souffrant. Ils s’achèvent très peu de temps avant sa mort en janvier 2022 mais il faudra les transcrire et restituer au plus juste une parole orale. Elle l’avait déjà fait dans Noir, impair et manque publié aux Éditions Argol en 2016, volume aujourd’hui épuisé où, déjà, il s’agissait de laisser s’exprimer Michel Deguy sur la façon dont il envisageait son œuvre en miroir aux autres arts – mais c’était à l’exception précisément de la musique sur laquelle ils s’étaient promis de revenir. Voilà donc qui est fait pour le plus grand intérêt du lecteur, car il y a autant de façons de considérer le rapport musique/poésie qu’il y a de poètes et de musiciens. La parole de Michel Deguy est très précieuse parce que c’était un poète et que c’était un poète qui aimait la musique. Beaucoup de questions vont y être évoquées : dans la « ronde des arts », quelle place pour la musique, quelle place pour la poésie ? Pourquoi la poésie n’est-elle pas la musique ? Comment envisager la mise en musique du poème ? Qu’est-ce qu’une chanson, qu’est-ce qu’un poème ? En somme : comment la musique permet-elle de penser la poésie et vice-versa ?
Ce petit livre est donc un bréviaire pour tous ceux qui s’intéressent à ces questions, et restitue la voix si intelligente, émouvante et presque enfantine de celui qui fut – qui est – l’un des plus beaux poètes de langue française.
Ut musica, ut poiesis / Michel Deguy