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Tout vaut la peine si l'âme n'est pas petite
Fernando Pessoa


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Opération Barbarossa

Spécifications

Julian Semenov

Genre : roman d’espionnage
Format : 12 x 18,5 cm
Pages : 432
Traduit du russe, préfacé et annoté par Monique Slodzian
Couverture : WIAZ
ISBN : 978-2-490251-50-6
1er octobre 2021
20,00 € l'unité


Le 22 juin 1941, sous le nom de code Opération Barbarossa, l’armée d’Hitler pénètre en URSS par le territoire défini par Himmler comme le maillon faible : l’Ukraine. Stierlitz a pour mission de semer la zizanie entre les extrémistes ukrainiens nationalistes qui se déchirent pour le pouvoir depuis les années 20, prêts à collaborer avec Hitler. Portraits saisissants de Bandera et de Choukhevitch comme de l’ataman Skoropadski, ancien dictateur ukrainien adoubé par les Allemands en 1917.
Le roman débute à Paris sur les tentatives de Hannah Prokoptchuk, brillante architecte ukrainienne invitée par Le Corbusier, cousine de Stierlitz, de rejoindre ses enfants restés en Pologne avec son mari dont elle est séparée. Sa recherche désespérée la conduit à être contrainte de collaborer à la conception de bâtiments destinés aux camps de concentration en Ukraine. D’autres destins tragiques défilent dans le roman où l’héroïsme côtoie l’avilissement, l’horreur la tendresse avec une constante humanité.

Opération Barbarossa / Julian Semenov

Du même auteur

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Articles de presse


 

Opération Barbarossa

Lecture par Claire Fourier

Pologne-Ukraine, autour de Barbarossa. – Voici le troisième tome d’une série de quatorze ouvrages qui seront traduits du russe et publiés en France aux éditions du Canoë.

Opération Barbarossa vient après La Taupe rouge et Des diamants pour le prolétariat. Le titre en russe : Tretya karta. La Troisième carte. La Carte ukrainienne.

Julian Semenov, l’auteur, mort en 1993, est en Russie, où des millions de gens ont lu ses livres et vu les films qui en ont été tirés, l’alter ego de John Le Carré.

Un héros fictif traverse tous ses livres : un agent double qui vient du froid et rappelle Richard Sorge. – Vladimorov, de son vrai nom, devient Issaïev dans la Tcheka, puis espion soviétique engagé au service des Allemands sous le nom de Stierlitz. (L’auteur nous donne à lire les notes secrètes qu’il envoie à Moscou.) Œil de lynx, Stierlitz traque, observe de près, de loin, discute, réfléchit, agit.

Nombre d’historiens ont traité l’opération Barbarossa qui signe l’invasion en juin 1941 de la Russie par l’Allemagne, à travers les pays limitrophes.

Opération Barbarossa serait un roman d’espionnage. En est-ce bien un ? Il y a des amateurs pour ce genre de livre, j’avoue que ce n’est pas mon truc. Si ce n’était que cela ou un récit historique, il ne m’aurait pas chavirée.

Or, ce livre m’a chavirée. Pourquoi ? Roman de la manipulation et de la trahison. Donc pas roman.

L’éditrice Colette Lambrichs, à qui je dis que le titre me paraît réducteur pour un livre aussi incroyablement vaste et documenté, me répond : « Il ne faut pas donner l'impression qu'il s'agit d'un livre d'Histoire, même si l'Histoire est en toile de fond et l'aspect qui sans doute vous intéresse le plus. L'aspect “livre d'espionnage” obéit à des règles bien précises et il ne faut pas perdre ce public… Ce que je voudrais, c'est imposer l'auteur en France. » Elle l’imposera, à coup sûr.

Car Semenov est énorme.

Semenov brasse les événements, les sensibilités ; il a baigné dans les milieux politiques de l’URSS et ceux du renseignement Est-Ouest ; il connaît les individus et les peuples, leur mémoire, pressent et observe les réactions.

Opération Barbarossa apporte un éclairage de l’intérieur (si je puis dire) sur les relations problématiques, insolubles, entre Pologne et Ukraine prises en tenaille depuis toujours entre les grands voisins de gauche et de droite. Éclairant, sans parti pris, le présent à la lumière du passé, Semenov nous permet de mieux comprendre l’Ukraine actuelle, son nationalisme récurrent.

Livre dense, puissant et poignant. Au reste, toute la série pourrait s’intituler La Condition humaine.

Et c’est précisément cela qui m’a captivée : l’approche de la condition humaine à travers des personnages universels, non moins que singuliers (on se noie un peu dans les noms propres et les grades des officiers nazis, pas grave) : le plus fort a ses faiblesses, les uns et les autres s’égarent quand ils croient suivre une ligne tracée, tous veulent sauver leur peau, leur famille.

Certains personnages sont fictifs, d’autres réels (on croise Hitler et ses sbires, Himmler, Keitel, Rosenberg, Goering, Canaris, Bandera, Melnyk…), leurs itinéraires se croisent, se nouent indissolublement, cela de manière si vivante et vraisemblable que tout devient véridique. – Et chargé de réflexion.

Citons des passages. « En vérité, la politique commence par la carte. L’immensité d’un territoire coincé entre dans une page typographique fascine les capitaines, engendre les tyrans, les aventuriers, les démagogues… Le plus terrifiant n’est pas la vulnérabilité physique, mais l’impuissance morale… Dans les instants de gravité extrême, penser c’est se concentrer sur la façon de mener l’action… Soumettre son rêve à l’action… En Allemagne, l’armée est une valeur permanente alors que tout le reste est provisoire… L’écrasement de la Russie obligera l’Angleterre à cesser le combat… Un homme libre ne peut éprouver le désir de se venger. De punir, oui, pas de se venger… Ce qui a été reste toujours présent… Qui croit à l’oubli a un intellect déficient… Dans quel camp es-tu ?... Mais au nom de quoi ?...  Seules les masses font les grands hommes… Sa liberté diminuait au fur et à mesure que grandissait sa notoriété… L’essentiel était de laisser une idée après soi… Son arme était le Verbe qui est toujours la Loi, autrement dit, le début et la fin de toute chose… » 

Le SS Ritche : « Embobinez les galopins ukrainiens, promettez-leur Kiev comme capitale, la création d’une Ukraine indépendante. Peu importe, nous déchirerons les accords passés. Plus ils gesticuleront aujourd’hui, plus il sera aisé de les isoler demain, le temps travaille pour nous [pour notre hégémonie raciale]. Captivez-les avec l’idée de nationalisme. »

On reconnaît dans Semenov la lignée des grands classiques russes qui fondent leurs livres, plus que sur les histoires à raconter, sur la volonté d’appréhender l’« essence » et la psychologie (Dostoïevski, Soljenitsyne…), alors que l’Occident a évacué cette dimension au profit de l’ « existence » et de la sociologie. (Une raison à cela : la psychologie exige du vocabulaire, une pensée personnelle, tandis que la sociologie se satisfait souvent d’éléments de langage et d’idées empruntées à l’air du temps.)

Et l’on retrouve chez Semenov la formidable aptitude des écrivains russes à déceler des poches de tendresse dans la vilenie humaine, à tresser sur un fil d’émotion la cruauté et la pitié.

Pensée et poésie jusque dans un monde sanguinaire. Semenov décrit les fraîches étendues forestières, l’eau dans laquelle il se lave : « vraiment glacée avec une pointe d’azur. Il serait trop plat de parler d’eau bleutée » ; il évoque le regard d’un cabri nouveau-né, égaré au bord d’un chemin, près des camps ; et ceci, après que le SS a jeté Maria, une fillette de cinq ans, par la fenêtre : « Le corps rebondit au sol comme un ballon avant de finir sur la chaussée en petite boule aux cheveux de lin. »

La leçon d’Opération Barbarossa, c’est qu’en politique (et dans les conflits larvés entre gouvernants et armée), tout est soupçon, perfidie, manipulation.

Un mot en effet jette un pont entre roman d’espionnage et récit historique : manipulation.

Et tel est le vrai sujet du livre. Chaque personnage, pris dans un filet de terreur, en permanence aux aguets, méfiant, soucieux de mettre l’autre à sa merci pour servir la cause dans laquelle il s’est engagé ou a été engagé, s’acharne à manœuvrer l’autre, à l’intoxiquer, le réduire à l’état de chose, l’abattre dans un jeu tragique qui commande un choix : ou c’est toi ou c’est moi.

Leçon subsidiaire : fuir les engrenages, de quelque nature qu’ils soient.

2 novembre 2021

Manuscrits

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